La dernière fois nous vous écrivions depuis la campagne d’Orleans. Apres deux semaines nous voilà maintenant pres de Dijon. Nous avons longé la Loire jusqu’a Digoin située a mi chemin entre Bourges  et Lyon.

Apres un mois et demi de nuits en général pas suffisamment reposantes (Auriane dort la nuit encore moins que le soleil, car elle dort bien en journée sans doute), la fatigue s’accumule un peu. Mais nous goutons toujours avec plaisir aux joies que nous apporte notre vie de plus en plus au “present”. La vie se déroule tellement au present que le soir nous devons faire consciemment appel à notre memoire pour rappeler à Auriane où nous nous sommes reveillés le matin et ce qu’il s’est passé pendant la journée. Nous sommes donc heureux de garder quelques traces de ce qu’il se passe chaque jour car le temps file toujours et on pourrait vite perdre pied !

Dans le Loir et Cher, nous avions croisé une ribambelle de groupes de joyeux enfants a vélos et avons même partagé une soiree avec l’un de ces groupes. Quelle chance !

Nous avons traversé le département pile pendant leur semaine “Etoile cyclo.” Pendant ce projet a la fois collectif et autogéré, près de 1500 enfants de dizaines d’écoles de tout le département empruntent des routes qui convergent (a Chambord cette fois) puis repartent, chacune avec son projet pédagogique : animations nature ou patrimoine, visites culturelles… Les enfants sont accompagnés pour les nuits en tente et pour les dizaines de kilomètres à vélo par les enseignants, des parents bénévoles… MAGNIFIQUE ! Cela fait 19 ans que ca dure …

De notre coté nous avons enfin repris le temps de contacter trois eco-écoles sur notre route. Mais seulement deux jours à l’avance “environ” ! Coup de chance, l’une a pu accueillir avec plaisir notre venue ! Comme à Brec’h, nous avons eu le bonheur de voir toutes les classes, en 2 jours pour nous adapter aux emplois du temps, malgré tout chargés. Nous avons été accueillis les 3 nuits chez une adorable enseignante et ses fils ultra-sportifs, avec qui nous avons été heureux de pouvoir beaucoup échanger. Pendant les ateliers en classes, échanges à batons rompus sur notre mode de vie, la joie de se déplacer à vélo, les messages des enfants de la Terre en langues maternelles puis en Esperanto à decoder … un succès à chaque fois, et Auriane fait bien sûr grande impression car c’est un bebe, elle tete, communique avec ses mains, est adorable et très dégourdie … Mais c’est peut être elle, Auriane, qui est le plus impressionnée par tous ces géants qui lui veulent du bien et la couvrent de trop près de leur attention et curiosite !

Sinon toutes nos journées sont sportives et chargées de nos besoins du quotidien : vie dans l’échange, sans argent, notamment pour chercher de la nourriture, a monter et démonter la tente, laver les langes, s’occuper d’Auriane et surtout lui trouver une ou deux aires de jeux par jour si possible avec des enfants ! Certains de nos repas sont très gourmands (patisseries, pizzas, menu indien complet …), d’autres plus simples a base de pain et/ou plus sains a base de fruits et plantes glanées sur notre chemin. Nous avons beaucoup de générosité a accueillir et n’avons pu proposer que quelques coups de main ou “échanges” demandes : nettoyage de vitrine, tonte, élagage, panneaux de citation sur le theme du rêve et de l’utopie, histoires … Mais la plupart du temps nous mangeons ce qui risquait bêtement de partir a l’incinerateur.

Les météos, paysages, etc se ressemblent parfois un peu mais pas toujours. Nous longeons par exemple un beau canal gorgé de papillons et de sortes de libellules et de fleurs et nous nous faisons prendre par 2 heures d’averse orageuse. A force d’humidité quelques affaires auraient moisi si nous n’avions pas pris une journée de pause en camping (tenu par un ex cadre de Greenpeace et sa femme) pour tout faire sécher consciencieusement … et dans la crainte d’une nouvelle pluie ! mais ouf nous avons globalement beaucoup de chance pour la météo, qui souvent reste seulement menaçante …

La routine ne s’installe jamais pour longtemps car chaque journée est toujours ponctuée de 2 ou 3 surprises (dont le soir souvent car nous sommes alors plus disponibles) : une soiree goguette associative festive musicale et conviviale sur une ile de la Loire, des écluses et ponts-canaux, un ragondin qui fait sa vie tranquillement sous nos yeux dans les eaux d’un beau canal entre l’ombre des feuillages et le soleil, des poulains, canetons, veaux tout le long du chemin (“Auriane, les bébés qui tetent les mamelles de leur maman sont appelés des mammifères, alors, qui est mammifère ?”), l’obésité omnipresente notamment chez les enfants, une cote très raide mais jonchée de fraises des bois pour arriver à Sancerre, un gigantesque pont-canal pour traverser l’Allier avec la Loire en vue, un plan d’eau et son aire de jeux rien que pour nous pour la nuit, un diner spaghettis bolonaise avec une équipe anglophone particulierement amicale qui accueille le lendemain sur leur péniche de luxe des américains pour la semaine, une famille cyclo partie d’Allemagne pour un mois de congé parental sur l’Eurovelo 6 avec leurs deux adorables filles de 1 et 3 ans…

En mangeant rapidement un bout de notre diner dans une cour de Chalon sur Saône, nous avons même eu la surprise de voir descendre du ciel un playmobil suspendu par une ficelle pour Auriane ! Quelle adorable idée de Carine… un cheval playmobil a meme suivi de près, avec lequel Auriane a pu rejouer les scenes de l’après-midi pendant laquelle nous avons croisé une quinzaine de chevaux montes ou ateles de carioles !

Et un jour on quitte les environs de la Loire, alors qu’elle continue de “monter” vers sa source, en “descendant” vers le sud dans le massif central. À Digoin. Notre si chère compagne de route, qui nous entourait de son écrin de verdure et accueillait ainsi une magnifique flore et faune, est particulièrement épanouie a notre passage en mai – juin !

Nous avions commencé à voir au loin quelques reliefs avec le Morvan, mais finalement il s’effondre deja : le long de la Saone et du Doubs le paysage redevient invraisemblablement … plat ! pour le moment ! ce qui ne veut d’ailleurs pas dire que pédaler soit facile pour autant car le vent de face, le manque d’ombre et le chargement sont d’autres difficultés, pas insurmontables, mais courantes et fatigantes voire un peu douloureuses … Mais en general, le vélo c’est un vrai regal … 🙂  et se sentir en vie a chaque instant, sans peser sur la planete, reste un besoin impérieux, et inevitable.

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