Du 22 au 30 Août, une SEMAINE CHEZ LES COPAINS EN AUTRICHE

ou

L’Irlande en Autriche

Après de belle collines à traverser, nous entamons au nord de Vienne une semaine de… REPOS… waw !
Claire, son mari et leur bébé Anna (qui vient juste de commencer à marcher ! 🙂 ) ont un train de vie très régulé, et très différent du notre, c’est donc l’occasion de (re)découvrir d’autres modes de vie possibles.
Nous rêvons un peu face à Anna qui s’endort seule dans sa chambre, laissant du temps libre à ses parents, et qui reste paisible… en tout cas jusqu’à l’arrivée un peu trop énergique d’Auriane !
Mais avec les travaux salariés des parents, leurs vacances qui arrivent et le rythme intense d’Anna (crèche médecin etc) nous n’avons malheureusement pas beaucoup de temps pour nous voir.
En tout cas, l’hospitalité de ce couple irlandais nous permet de beaucoup nous (re)poser et de découvrir les richesses du coin, et en particulier de goûter aux saveurs de ses douces caves et vignes réputées !

De son côté, c’est le 1er automne où Auriane marche, observe au loin… Elle affine son attention en observant les museaux de milliers de grenouilles vivant dans la mare en contrebas de la maison, et éparpille du bout des doigts les épatants chatons des bouleaux et, en soufflant, les dissémine en des centaines d’étoiles emportées par le vent…

Les choses simples de la vie qui lui donnent toute sa beauté.
D’ailleurs, c’est déjà le temps de repartir vivre en pleine nature !
Le jour du départ dans les starting-block, même pas le temps de souhaiter son anniversaire au frère d’Isabelle… vous savez… celui qui habite en Australie ! 😉

C’est donc le jour de l’anniversaire de Guillaume que nous entrons pour la 1ère fois… et pour TRÈS TRÈS LONGTEMPS a priori… dans un pays dont nous ne connaissons pas la langue !! Une nouvelle page très importante du voyage, un saut magistral et un tantinet angoissant dans l’inconnu…

Du jeudi 30 août au mercredi 5 Septembre : COURT MAIS INTENSE PÉRIPLE EN SLOVAQUIE

D’abord, la Slovaquie. Nous avons décidé de longer la Morava, rivière frontière entre l’Autriche et la Slovaquie en empruntant, coté slovaque, la véloroute européenne numéro 13, celle qui suit l’ex Rideau de Fer démantelé en 1989. Première impression… favorable : la route est lisse et la nature bien préservée, chacun ses critères ! 😉
Nous retrouvons la joie de dormir à nouveau en plein air, et Auriane y découvre la puissance du vent… et la force des bosquets d’arbres pour le retenir !

1er jour en Slovaquie : DES BAS ET DES HAUTS

Dès le lendemain matin nous découvrons les routes mangées de gros trous et de grandes étendues de monocultures. Heureusement, il n’y a pas de voiture, la nature reste belle et nous assistons à quelques scènes agricoles intéressantes comme la récolte du maïs.

Sur les porte-cartes de nos sacoches à vélo, prennent position maintenant nos lexiques maisons pour y apprendre dans un premier temps les formules de politesse : ahoj (bonjour), zbohom (aurevoir), prosim (svp), dakujem (merci)… Tout en pédalant, Isabelle se familiarise aussi avec les expressions nécessaires dans notre démarche de recherche de nourriture : “Nous venons de France à vélo pour ne pas utiliser de pétrole.”, “Nous souhaitons vous aider en échange de nourriture.”, “Nous préférons la nourriture qui risque de partir à la poubelle pour éviter le gaspillage.”…

Nous entrons dans un village, d’apparence beaucoup plus pauvre qu’en Autriche !
Dans l’épicerie, impossible de nous faire comprendre de la gérante (?), mais la femme appelle, au téléphone, sa fille (semble-t-il) qui parle… un tout petit peu allemand.
La communication est très compliquée d’autant que demander de la nourriture en échange de services est totalement insolite et difficile à deviner à priori.
Nous sortons bredouille de l’échoppe.
Il ne semblait peut-être pas y avoir de tâche aisée à effectuer, c’est sûrement interdit pour eux d’accepter que nous leur donnions un coup de main, peut-être ne jettent-ils rien à la poubelle…? Impossible de le savoir, mais il va peut-être falloir que nous trouvions de nouvelles idées pour l’avenir.

Dans la rue, nous demandons (par mimes) à quelques enfants que nous croisons une aire de jeux (pour qu’Auriane puisse jouer et que nous utilisions notre Kelly Kettle -réchaud à bois- pour nous faire cuire quelques réserves pour le déjeuner).
Toboggan, balançoire,… Mimer une aire de jeux ne semble pas difficile, et nous croyons comprendre qu’il n’y en a pas alors que nous tombons sur une aire de jeux à seulement 100 m.

Le toboggan tombe sur une dalle de béton. Les deux ados sur la balançoire sont rivées sur leurs smartphones. Ça, ça ne change malheureusement pas de l’Europe de l’Ouest. Pfff… pas très rigolote notre arrivée en terres slovaques.

On repart sur des routes, toujours trouées ou caillouteuses, mais les gens que nous croisons ont l’air sympas et vivants.
Heureusement, nous sommes souvent entourés de bois. Globalement plus nous avançons vers le sud plus le paysage devient beau et naturel. Nous finissons même par camper au bord de la rivière dans un petit coin de paradis délicieux ! 🙂 Nous y avons trouvé une douce famille dont les enfants jouent tranquillement sur le bord riche de la rivière. Les enfants jouent… sans “jouet”, observant et jouant avec la nature ! Magnifique ! Ça se fait rare de nos jours.

2ème jour slovaque : DÉLUGE A BRATISLAVA

Le lendemain les montagnes que nous avons à main gauche se rapprochent vite et la Morava va vite se jeter dans le Danube.
Youpi ! Le Danube est le fil rouge de notre voyage, il nous avait manqué depuis 3 semaines ! Et le confluent est beau.

Cap à gauche, vers Bratislava, le long du Danube. On sent qu’on se rapproche de la capitale, les routes deviennent toujours meilleures.
Malgré tout,… nous tombons nez à nez avec une flaque tellement énorme qu’elle s’étale sur toute la largeur de la route (rue) et sur une bonne vingtaine de mètres. Pas le choix… De l’élan, et espérons qu’il n’y aura pas de trou !
Ouf ça passe 🙂
Nos sacoches ont forcément pris un peu mais ça devrait aller. Nous indiquons en allemand la flaque à un groupe de cyclotouristes (hyper impressionné par notre convoi et notre voyage) qui aurait encore la possibilité de passer par ailleurs, mais ça les fait bien rire et ils passent quand même. Apparemment ça n’a rien d’exceptionnel par ici, il faudra s’y faire !

Les panneaux publicitaires géants ont des mots incompréhensibles. Ils nous rappellent encore que nous avons quitté la zone du monde dont nous pouvons encore parler la langue.
Mais sur les panneaux figurent aussi la photo d’un article (paire de tennis, télé, ordinateur,…), un prix et une marque bien connue. La mondialisation (l’exportation du style de vie occidental) s’affranchit avec une rapidité surprenante des différences de langues et de cultures entre les peuples.

Nous arrivons à Bratislava par une artère très riche et en général touristique le long du Danube. Aujourd’hui il n’y a pas un chat, peut-être parce que l’orage est sur le point d’éclater.
Nous tentons notre chance dans deux restos-hôtels de luxe. On nous répond aimablement en anglais en nous offrant généreusement de quoi manger.
Mieux : la jeune serveuse à qui Isabelle s’est adressée serait même devenue une super copine si nous étions restés un peu à Bratislava. Nous déjeunons avec elle en discutant pendant des heures des réseaux et initiatives socio-écologiques de Slovaquie tandis que l’orage éclate à l’extérieur et qu’Auriane dort. Elle connait presque autant d’initiatives que nous en France, de la permaculture aux monnaies complémentaires en passant par les échanges locaux et l’Esperanto. Quel bonheur ! “Est-ce que tout le monde connait tant de choses en Slovaquie ??” “Hmm… Oui plus ou moins !!”.
Elle nous recommande la LEAF Academy de Bratislava, un établissement d’enseignement alternatif particulier avec qui nous pourrions notamment parler de notre projet pédagogique et de notre voyage. Trop de choses passionnantes à échanger, à en oublier la réalité immédiate malgré les avertissements de Damien…

A 17 h, il pleut toujours des trombes. Mais pour arriver chez Marianna, une espérantophone écolo que nous souhaitons rencontrer, il nous reste encore de la route, et les journées commencent à se faire courtes.
Il pleut s’y fort qu’on voit difficilement à 10 mètres et que nous sommes déjà trempés jusqu’aux os en arrivant au centre historique de Bratislava.
Auriane crie car elle voudrait sortir, mais il pleut trop pour qu’elle vienne sur le vélo d’Isabelle ! Auriane finira par s’endormir bercée par les mouvements de la carriole, il faut donc rouler ! Mais vers où ?
Il n’y a bizarrement jamais aucun panneau indicateur, et en particulier pas en direction de la grosse ville, Senec, où nous devons nous rendre ! Et évidemment il n’y a personne dans les rues… Cinq personnes croisées au total, qui après bien des difficultés pour comprendre le nom de la ville qu’Isabelle prononce mal et dans un tambourinement infernal de l’eau qui s’abat autour de nous, nous indiquent une fois sur deux une direction différente… Et le ciel n’est plus seulement noir de nuages, il finit de s’obscurcir par la tombée de la nuit…

Nous suivons l’indication de policiers enfermés au chaud dans leur voiture et qui rigolent en nous indiquant la route (indiquée par la majorité des personnes interrogées).
Dehors c’est le déluge. La route à 6 voies que nous longeons sur un trottoir est recouverte d’eau à perte de vue. Isabelle n’a jamais vu ça. Une voiture finit par s’arrêter, au milieu de la route avec de l’eau qui s’arrête entre le bas de la portière et la vitre. Un peu plus loin, c’est un bus stoppé net par la montée de l’eau que nous croisons !
On continue, frigorifiés, et nous arrêtons à une station service pour demander notre route à Marianna par téléphone.
Elle ne comprend pas trop où nous sommes, discute avec la caissière et propose de venir nous chercher à vélo pour nous guider. Non il fera totalement nuit c’est trop dangereux nous préférons trouver un endroit où passer la nuit.
Après quelques autres péripéties faites de hauts et de bas, nous arrivons enfin… dans une auberge de jeunesse à 21h… OOOUUUUFFFF… Peut-être les 4h les plus difficiles du voyage jusqu’à présent.
Auriane dort bien sûr et nous la transférons sans problème dans un lit après avoir monté toutes les sacoches, défait et rangé les vélos et les carrioles… Maintenant nous sommes en paix pour l’opération “séchage des affaires”. Isabelle passe tranquillement le reste de la soirée à étaler, faire sécher et empiler une par une toutes les affaires mouillées (beaucoup, notamment les vêtements et tous les papiers de sa sacoche de guidon). Il est minuit, tout va bien… repos !

Du 3ème au 5ème jour slovaque : MARIANNA, LA PERLE ESPERANTOPHONE

Au matin presque toutes nos affaires sont sèches, et nous reprenons tranquillement les vélos et redécouvrons le quartier de jour, et avec le soleil ?!
Les alentours qui nous avaient l’air si hostiles la veille reprennent instantanément figure “humaine”, notamment parce qu’on y voit des couleurs et que des terriens se promènent sur les trottoirs et discutent tranquillement !

Marianna qui adore le vélo est venue nous chercher et nous guider. Heureusement car le chemin aurait été difficile à trouver ! Et c’est l’occasion d’entamer des heures et des heures de papotages joyeux et passionnants. Immédiatement des liens forts se créent entre nous, par le partage de la langue si belle de l’Esperanto bien sûr, mais aussi parce que malgré nos différences d’histoires et de cultures nous partageons profondément les mêmes visions, les mêmes types de vies, d’actions, et les mêmes types de tempérament.

Nous sommes accueillis chez ses parents, une maison visiblement souvent pleine de monde. Dehors, un petit jardin déborde de lapins, de pommiers, de quelques fruits et légumes et… de cactus !
Les deux jeunes chatons et les tomates cerises font le bonheur d’Auriane.
Avec ses parents très chaleureux nous essayons de dépasser la barrière de la langue à force de gestes et d’expressions, mais souvent c’est Marianna qui joue la traductrice.
Les repas sont délicieux et très amusants, avec 6 langues qui se mélangent : le Slovaque entre eux, le Français et la langue des signes pour nous, l’Esperanto entre Marianna et nous, l’Allemand avec le papa, et l’Anglais entre un jeune qu’ils hébergent et nous. De quoi faire de sacrés nœuds au cerveau à Auriane !
Mais ça ne fait rien, elle est chouchoutée par la maman et chouchoute en retour les animaux.
Et nous avons la joie de pouvoir un peu “rendre en retour” (style WWOOFING informel) en participant aux travaux dans le très grand jardin partagé tout en continuant le plus souvent à papoter : récolte etc des haricots, désherbage des fraisiers, rangement de bois…

Nous nous empressons aussi de taper dans un fichier texte notre message habituel envers les commerces (décrivant notre voyage sans pétrole et notre demande d’échange de nourriture -invendable si possible- contre coups de main) et l’envoyer à Christine, notre amie d’origine hongroise, pour une traduction rapide !
Incroyable, comprenant l’urgence (nous avons ici un ordinateur et une imprimante) elle nous la renvoie rapidement, et même, corrigée par sa sœur de Budapest, qui maîtrise mieux la langue !
Nous troquons enfin une carte allemande contre une de leurs 2 vieilles cartes hongroises. Nous sommes parés pour arriver sereinement en Hongrie.

5ème jour slovaque : LEAF ACADEMY

Marianna qui connait très bien les voyages à vélo nous couvre gentillement de fruits et légumes du jardin faciles à consommer : carottes, raisin, pommes, ail… Quel intense séjour. Dankon ! (Merci !) Dankegon !! (le suffixe EG signifie “gros”)

Nous voilà de retour à Bratislava, pour un rdv pris en un coup de fil avec la LEAF Academy. Quelques profs et membres de l’administration et de la logistique nous rejoignent pour 2 intenses heures de narration et discussions pédagogiques.
Ils sont tous enchantés et petit à petit des idées leur viennent : ils nous invitent à dormir ici, l’agent de sécurité et les femmes de ménage (ménage cuisine jardin “cocon”…) se démènent pour nous aider et nous trouver à manger… Ils parlent tous anglais même entre eux, facile, même si nous leur vantons les avantages de l’Esperanto.

Nous allons malgré tout faire quelques réserves de nourriture dans les restaurants étrangers (asiatique, arabe et sud américain) en prévision des jours à venir.

Encore une magnifique journée.

6ème jour slovaque : REPRISE DU VOYAGE, ARRIVÉE EN HONGRIE !

Le lendemain nous profitons de la matinée pour continuer à rencontrer d’autres membres (souvent végétariens) de cet établissement hors du commun, à laisser des petits mots inspirants un peu partout, et pour le déjeuner nous découvrons qu’ils mijotent, ici, à l’occasion de notre venue, même si cela leur arrive assez souvent, un repas collectif à partir des légumes apportés par chacun. Génial ! “Keep in touch” pour d’éventuels projets communs à venir…

Et nous voilà repartis pour la sieste d’Auriane sur “l’autoroute” de l’Eurovélo 6 le long du Danube ! Fleuve, forêts, pure nature (hors piste cyclable)… on file, très excités de reprendre ainsi le voyage dans la nat

ure vers l’Australie et de bientôt découvrir le beau pays de la Hongrie où nous allons passer l’hiver !

Nous passons dans un charmant village de maisons individuelles colorées. Les gros bâtiments gris et massifs de Slovaquie ne nous manqueront pas.
Nous voilà sûrement déjà en Hongrie !! Nous y séjournerons pendant 8 mois (le tiers de la vie d’Auriane), et c’est aussi le pays qui marque la fin de notre première partie de voyage puisque nous n’avancerons pas en hiver, l’entrée et la découverte du pays sont donc très excitantes !

Alors que la nuit commence à tomber, nous apercevons une mare entourée d’un petit bois en bordure de village.
Parfait pour passer notre première nuit en Hongrie.
La famille qui joue à l’aire de jeux très simple et tout en bois, parle allemand. Ils sont adorables. Tout sent bon par ici…

Sms excité à Christine -Nous sommes en Hongrie !-. Pour fêter notre arrivée nous nous offrons même avec nos vieux euros (exceptionnel !!) un “borscht soup” dans le resto authentique situé à 20 m de l’aire de jeux, à 30 m de notre tente.

A suivre ! 🙂